Blanquette Mémorielle
Le temps est long comme distendu. Le froid arrive petit à petit. La solitude s’installe, petite bête rôdant dans notre esprit. L’ennui cherche son réconfort. Cette nostalgie d’un doux fumet qui nous enveloppe et nous apaise. Cette chaleur latente qui nous entoure et nous touche. Ces longs plats que nos pères et nos grands-mères faisaient mijoter pour un bon repas de famille.
Faisons revivre ce souvenir, ravivons ce goût de bonheur. Prenons une ironique bulle de solitude, un moment hors du temps. Quelques légumes, du vin blanc, un couteau bien aiguisé et le temps se suspend.
Les étapes sont simples, mécaniques, presque automatiques. Saisir la viande, verser le vin… L’odeur se fait déjà sentir, vive et entêtante. La hotte peine à aspirer les volutes fumantes. Son vrombissement rythme la découpe des légumes. Leur couleur tranche sur le blanc du plan de travail mais déjà ils réduisent dans la poêle. Ça mijote, doucement, calmement. Pause idéale pour préparer le roux, l’allonger et l’ajouter.
Enfin cette touche finale, celle qui nous renvoie à la table familiale : le jaune d’œuf. Signature de la blanquette, il sonne l’éclatement de notre onctueuse bulle culinaire. Enfin non, place à la dégustation.
Néphélie GODIN
Crédits photos : Néphélie GODIN