Septième sens
Combien avons-nous de sens ? Si on pose cette question, la plupart des personnes répondront sûrement cinq. Fabrice Sarlegna, lui, n’est pas d’accord avec cette réponse. Mais d’où vient cette idée et est-elle vraie ?
À l’école, nous apprenons qu’il existe cinq sens : le goût, l’odorat, l’ouïe, le toucher et la vue. Ceux-ci ont été décrits par Aristote il y a plus de 2000 ans. Mais qu’en disent Fabrice Sarlegna et les spécialistes du sujet aujourd’hui ?
S’il n’y a pas de consensus sur le nombre total de sens possédés par l’être humain, on peut néanmoins retenir neuf sens sur lesquels la communauté scientifique se met d’accord. « En plus des cinq sens classiques j’en retiendrai quatre autres : la nociception, la proprioception, la thermoception et le sens vestibulaire. »
Un sens du mouvement
La nociception est le sens de la douleur, la thermoception celui de la chaleur, quant au sens vestibulaire il contribue à ce qu’on appelle couramment le sens de l’équilibre. La proprioception est cependant plus difficile à saisir. Fabrice Sarlegna, décrit la proprioception comme « le sens de la position du corps et du mouvement ».
Mais la vue aussi nous renseigne sur la position de notre corps et nos mouvements, alors quelle est la différence ? La proprioception permet de ressentir notre propre corps en permanence grâce à des capteurs situés majoritairement dans nos muscles. Tentons une petite expérience toute simple : sans regarder, où se trouve votre pied droit ? Dans quelle position se trouve- t- il ? Vous n’aurez sans doute aucun mal à répondre à ces questions.
Un GPS mental
Mieux encore, fermez les yeux puis frappez dans vos mains, touchez votre nez avec votre index. La plupart des personnes n’auront aucun mal à le faire. Fabrice Sarlegna compare ce sens à « un GPS mental de notre propre corps ».
Fabrice Sarlegna raconte l’anecdote d’une patiente privée de proprioception « Elle était incapable de marcher sans regarder ses pieds ou de signer sans regarder ses mains. Nous lui avons demandé d’écrire sa signature sur une feuille : en regardant elle n’avait pas de problèmes pour signer. Par contre les yeux fermés, après le premier trait, elle n’a pas senti que son crayon ne touchait plus la feuille, que son bras s’était levé, et elle a fini de signer en l’air. » Alors souvenez-vous de la proprioception la prochaine fois que vous bougerez sans y penser.
Gwendal SURZUR
À Propos De Fabrice sarlegna
Fabrice Sarlegna est chargé de recherche CNRS à l’Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU). Il travaille au sein de l’équipe Interactions Cognition et Sensorimotricité où il étudie le contrôle des mouvements des membres supérieurs.